J-Jacques Hanau : "Petit à petit, il y a effectivement une transformation"

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec le yoga IYENGAR® ?

Mon histoire avec le yoga a commencé grâce à des amis de longue date qui habitent à Nice et qui sont des habitués du centre de Christian Pisano. Ils nous ont parlé du yoga IYENGAR® et nous ont suggéré d'essayer. Comme mon épouse et moi sommes de grands fans de l'Inde, ces amis nous ont recommandé un enseignant là-bas.

Nous avons donc débuté lors d'un voyage en 2017 avec Kar Bidyadhar à Pondichéry. Comme nous étions en voyage, nous ne comptions pas rester très longtemps, mais je me souviens très bien de la toute première fois. L'enseignant m'a mis dans une posture sur une chaise et je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je suis resté bloqué dans la posture. Non pas que je me sois fait mal, mais j'étais complètement coincé, je ne savais plus comment en sortir. Dans une autre posture, Kar est venu me sauter ou marcher sur les épaules. C'est la méthode indienne ! (rires) Il faut savoir que je suis très raide du dos et des épaules. Il a essayé d'ouvrir quelque chose, mais je ne comprenais pas encore ce qu'il faisait.

En rentrant de ce voyage, nous sommes allés nous renseigner auprès du Centre de Yoga IYENGAR® à Strasbourg et c'est là que mon épouse et moi avons commencé à pratiquer régulièrement.

Quelle est la place du yoga IYENGAR® dans votre quotidien ?

Depuis cette découverte, je prends un cours par semaine à Strasbourg. J'ai rencontré différents enseignants au fil du temps et surtout une belle communauté de pratiquants de la région. J'ai d'ailleurs noué quelques amitiés avec des pratiquants, comme nous nous croisions régulièrement au centre.

Qu'est-ce qui vous touche dans la pratique du yoga ?

Tout d'abord, il faut savoir que j'étais passionné d'échecs entre mes 18 et mes 28 ans environ, puis j'ai découvert le bridge à la trentaine. J'ai passé une grande partie de ma vie à enseigner et à jouer au bridge à un haut niveau compétitif.

Le yoga, tout comme les échecs et le bridge, me fascine par la profondeur qu'il peut y avoir dans sa pratique et son enseignement, mais sans la compétition, sans les adversaires. Parfois, l'adversité est en nous et il faut négocier avec elle.

J'ai quelques soucis de santé sur lesquels je ne vais pas m'étaler, mais j'ai été agréablement surpris de voir qu'on pouvait adapter les postures selon mes besoins. Quel que soit notre âge, on peut continuer à pratiquer. En plus, ce qui me fascine dans le yoga Iyengar, c'est la justesse de l'enseignement. Je suis impressionné par les qualités d'observation et de pédagogie des enseignants que j'ai pu croiser.

Au niveau de ma propre pratique, avec le temps, j'ai réussi à ouvrir mes épaules et à me redresser. J'arrive à tendre mes jambes. Je reviens de loin !

Pouvez-vous nous parler d'un asana ou d'un enchaînement en particulier que vous appréciez particulièrement ?

Sans hésiter, Sirsasana dans les cordes fixées au plafond. J'ai découvert cette variation en Inde car mes épaules ne me permettaient pas de la faire de manière indépendante. J'ai été impressionné par l'intensité de l'extension de la colonne vertébrale et par les effets qui vont avec. Il faut apprendre à se laisser aller avec le temps. Ce n'est pas si facile.

Au-delà de la pratique pure, avez-vous fait des rencontres dans le Yoga IYENGAR® qui comptent aujourd'hui pour vous ?

Ma compagne et moi avons rencontré au fil du temps des gens passionnants qui pratiquaient avec nous et avec qui nous nous sommes liés d'amitié. Je ne sais pas si c'est lié à la méthode Iyengar, mais j'ai remarqué que les élèves ont souvent des personnalités passionnées, entières.

Avant, il y avait une majorité de femmes en cours. Ce n'était pas désagréable, mais depuis quelques années, il y a de plus en plus d'hommes. J'ai l'impression que ce yoga arrive à convaincre par son aspect intense et tonique, c'est une bonne chose. Et de cette façon, je peux avoir un peu de soutien, moi qui suis de nature raide ! (rires)

Que diriez-vous à une personne qui hésite à se lancer dans le Yoga IYENGAR® ?

En général, je ne dis pas grand-chose parce que dès qu'on parle de yoga, les gens vous regardent d'un air bizarre. Je pense surtout qu'il y a une confusion entre tous les styles, le grand public ignore qu'il y a plusieurs écoles, plusieurs disciplines quand on parle de yoga.

Si je parle du yoga IYENGAR®, j'explique que c'est un yoga pour les sportifs d'un côté, donc qu'il y a un côté très tonique, très vigilant sur le placement du corps et la bonne exécution des postures. Et d'un autre côté, que c'est un yoga thérapeutique qui s'adapte à nos éventuelles blessures ou maladies qui peuvent survenir au quotidien et qui permet de les prévenir.

Et pour l'anecdote personnelle, j'ai croisé une bande de bridgeurs dans un bistrot il y a pas longtemps et ils ne m'ont même pas reconnu de dos. Ils se sont dit : "C'est pas possible que ce soit Jean-Jacques, il ne se tient pas comme ça !". Je ne dis pas ça pour me vanter, mais petit à petit, il y a effectivement une transformation. J’espère que cela donnera de l’espoir à quelqu’un d’autre.