Retour sur la convention nationale 2023
À l’occasion de la 28e Convention Nationale de Yoga Iyengar® organisée par l’AFYI, notre communauté a pu se réunir, en présentiel et en distanciel, autour de son invité Raya Uma Datta qui a développé le thème de "la Transformation, Parinama".
Avec spontanéité, naturel, humour et esprit, il nous a délivré un enseignement riche, nous connectant directement à Guruji. Ses anecdotes nous ont apporté de la fraicheur et nous ont également inspiré par la profondeur des notions abordées. Avant de débuter la convention, Raya a rendu un bel hommage à Faeq BIRIA.
Voici quelques extraits des propos inspirants tenus par Raya lors de la convention :
Le Yoga IYENGAR® se situe dans l’Ashtanga Yoga qui est composé de huit membres : Yama, Niyama, Asana, Prāṇāyāma, Pratyāhāra, Dhāraṇā, Dhyāna et Samādhi.
La pratique des postures (Asana) est un point d’entrée incontournable qui nous permet de comprendre le yoga.
La Science, l’Art et la Philosophie composent le tripode du Yoga IYENGAR® et il faut cultiver les 3 sinon nous créons un déséquilibre.
Dans le mot transformation, il y a deux parties : "trans" qui signifie aller au-delà et "forme". La forme c’est l’asana, c’est le corps parce que le corps a sa propre forme. Parce que l’asana est une forme, il est la voie qui mène à la "trans-formation".
"Le corps est mon premier support. C’est un support pour la conscience." BKS Iyengar.
Si dès notre premier cours notre enseignant nous avait parlé de Pratyāhāra (le retrait des sens), nous n’aurions pas su comment faire pour l’atteindre ! Mais, en commençant par Tadasana et en essayant d’en comprendre et d’en ressentir la forme dans notre corps, c’est alors beaucoup plus atteignable.
À mesure que nous avançons dans notre apprentissage, nos capacités de concentration augmentent : nous devenons un observateur de la posture et de son effet sur nous-même.
Au départ, notre vision est parcellaire, puis elle s’élargit. Les instructions données à un débutant doivent en tenir compte et être simples pour lui permettre de toucher la forme de l’asana. Au fil du temps et de la pratique, plusieurs actions peuvent être faites simultanément par le pratiquant, en conscience.
Finalement, il y a peu de postures car "toutes les postures sont Tadasana et toutes les postures sont Savasana".
Trois yoga sutras définissent particulièrement les asanas et les résultats de la pratique :
- YS II.46 "Sthira sukham āsanam" : l’asana est la parfaite stabilité du corps et de l’intelligence, ainsi que la bienveillance du mental. La stabilité crée la forme, la structure commence avec la forme et va au-delà de la forme.
- YS II. 47 "Prayatna śaithilya ananta samāpattibhyām" : la perfection dans l’asana est réalisée lorsqu’on le pratique sans effort et que l’être intérieur infini est atteint.
- YS II.48 "Tataḥ dvandvāḥ anabhighātaḥ" : alors, le sadhaka n’est plus perturbé par la dualité.
Le corps est comme un trampoline
À l’instar d’un trampoline dont les bords extérieurs sont parfaitement étirés pour que la toile soit bien tendue, nous devons aller du centre vers nos extrémités pour prendre contact avec notre corps périphérique. Pour mener à bien cette transformation que propose le yoga, l’étirement se déploie dans toutes les directions, du centre pour aller partout, pour rayonner. Ainsi, dans toutes les postures, une action permet un ancrage et une autre une élévation.
Traverser le "tunnel de l’effort"
Pour aller au-delà de la zone d’effort, vers une certaine stabilité, nous devons d’abord traverser le "tunnel de l’effort"». Si nous évitons ce travail sur la forme, nous ne pouvons aller dans la "trans-formation". Nous devons comprendre la forme et les dimensions de chaque posture. Par exemple, Parsvottanasana est un point de connexion vers différents types de postures : les étirements vers l’avant, les étirements vers l’arrière et les torsions.
L’intensité est nécessaire à la transformation
Quand tout va bien, quand nous sommes dans une zone de confort, nous ne cherchons pas à nous transformer. Ce sont toujours les moments les plus intenses, les plus forts émotionnellement, qui contiennent un potentiel de transformation. C’est pourquoi les cours de Guruji étaient si intenses.
Cela fait remonter à la surface les aspects physiques, mentaux et intellectuels, et c’est uniquement de cette façon-là que nous pouvons nous transformer en profondeur. Aucune transformation ne se produit sans un certain degré d’intensité. Cette intensité doit être corporelle mais aussi mentale.
Le bourgeon
Même quand le corps externe est ferme, le corps interne doit s’ouvrir et s’élargir, comme un bourgeon qui a l’air serré de l’extérieur mais qui est doux à l’intérieur.
Quand nous faisons Uttanasana, à l’image de Guruji, est-ce que nous mettons en œuvre cette intensité qui permet la transformation, comme le bourgeon ?
Cet Uttanasana a la forme d’un bourgeon, juste avant l’éclosion : l’extérieur est tendu et ferme, alors que l’intérieur détient toutes les potentialités de la graine, de la fleur, du fruit…. Cette transformation se produit pour continuer le cycle de la vie. Chaque posture réalisée avec intensité permet de comprendre que le corps externe est compact alors que le corps interne s’élargit.
Les séquences
Dans le yoga sutra III.15 on retrouve la notion de "Transformation, Parinama", "karma anyatvaṁ pariṇāma anyatve hetuḥ" : les séries de changements successifs sont à l’origine des transformations de la conscience.
Quand faire quelle posture, que faire dans chaque posture et comment ?
La construction des séquences d’asanas et la séquence d’actions à l’intérieur des asanas, l’intensité et la durée de la pratique, c’est ce qui va transformer, modeler notre conscience.
Les actions
Parfois, nous faisons des actions linéaires, ou circulaires, ou en spirale, ou encore en spirale avec extension (comme une tornade). Selon le niveau de pratique, le mouvement sera continu ou il s’arrêtera à un certain point. Il faut apprendre à identifier le début et la fin de l’action.
Dans le processus d’apprentissage, on essaie de relier différents points entre eux. Notre recherche consiste à aller de l’intérieur vers l’extérieur et de l’extérieur vers l’intérieur. Un jour, un asana devient le point central de notre recherche et les autres asanas sont périphériques pour nous aider à comprendre cette posture spécifique.
Le Pranayama
L’asana est une jambe et le pranayama est l’autre jambe. Il faut donc pratiquer les deux, même si dans la méthode IYENGAR®, le Pranayama ne doit être abordé qu’après plusieurs années de pratique pour permettre au corps d’accueillir le Prāṇā.
Il faut d’abord observer et accéder à la respiration somatique autrement dit corporelle, ou physique, pour comprendre que les asanas apportent un changement dans la respiration.
"Le yoga est un moyen et une finalité" BKS Iyengar
Dans les cours débutants, nous cherchons à atteindre un but, à parvenir à faire quelque chose. Puis, il devient important de comprendre la longueur et l’amplitude de l’action.
Dans les niveaux intermédiaires, nous restons plus longtemps et nous développons l’endurance et la patience.
En pratiquant, nous devons observer les différents stades intermédiaires des asanas avant de le faire aussi dans la posture finale. Il nous faut repérer les postures dans lesquelles nous pouvons rester longtemps et celles où ce n’est pas possible.
Il y a une progressivité dans notre apprentissage individuel des asanas : certaines postures préparatoires ou intermédiaires sont indispensables pour accéder aux postures "résidentielles".
A l’image de la plongée, il y a celui qui reste à la surface pour faire du snorkeling (plongée avec masque et tuba) et celui qui va dans les profondeurs de l’océan avec des bouteilles d’air comprimé.
Nous remarquons plutôt celui qui gravit la montagne la plus haute, mais ne devrions-nous pas voir aussi celui qui va dans les profondeurs de l’océan ?
Pour gagner en intensité dans notre pratique, l’objectif n’est pas d’y mettre beaucoup de force ou de puissance. Il s’agit d’aller dans les profondeurs de notre corps et de notre être pour permettre l’intégration.
Yoga sutra I.2 "Yogaḥ cittavṛtti nirodhaḥ" : le yoga c’est le contrôle des fluctuations du mental.
Dans certaines postures, le souffle est court et nous traversons une zone de "panique". Quand cela se produit, notre mental tire la sonnette d’alarme. Le cerveau est comme un muscle : on peut l’entraîner à se dépasser.
Gardons à l’esprit que les fluctuations du mental arrivent sur nous de façon incessante et qu’elles seront toujours là. Mais la question est : sommes-nous capables d’y faire face, de les éviter avant qu’elles ne nous touchent ?
Par exemple, quand nous pratiquons Virabhadrasana III à un stade intermédiaire, nous avons la possibilité d’observer notre mental et de le voir paniquer ou pas, de le voir s’engluer dans les vrttis ou s’engager à faire la posture.
A un moment, pour progresser dans notre pratique, nous devons lâcher notre zone de confort, laisser aller nos peurs, pour nous jeter dans l’inconnu !
Bien sûr, cela demande du courage et il y aura toujours sur notre chemin des fluctuations, des tentations, des obstacles qui nous feront glisser en arrière. Mais, aussi dur que soit le parcours du pratiquant, nous devons passer par là pour avancer !
Même s’il est important que notre communauté soit ensemble pour pratiquer, nous sommes seul à faire le grand saut dans le vide ! Pour nous transformer, il faut abandonner la forme que nous avons construite pour atteindre la liberté, notre liberté !
Soyons reconnaissants envers nos enseignants seniors qui nous ont transmis et nous transmettent encore leurs connaissances : nous sommes là aujourd’hui grâce à eux.
Une image de la poésie indienne illustre cela à merveille : "Un guru allume la lampe d’un élève et ainsi de suite…".
Toute notre gratitude à Raya pour son enseignement !
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